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D’UNE PARISIENNE

Quant aux ossements de la patronne de Paris, ils furent, assure-t-on, sauvés des profanations de la Grève et cachés par de pieux fidèles.

La foi sauve l’âme.

Hier, une foule émue et recueillie venait rendre ses devoirs à sainte Geneviève. De vieilles femmes emmitouflées se traînaient jusqu’au tombeau pour frôler la pierre, usée par les attouchements ; des mamans apportaient leurs enfants, de pauvres petits chétifs, malades aux yeux trop clairs, aux joues anémiées, dont les corps grêles ballottaient dans des vêtements trop larges. Les mains se croisaient, les lèvres à mi-voix laissaient échapper d’ardentes suppliques. Ah ! comme elles savent prier, les mères qui demandent pour leurs petits.

Une chapelle ardente embrase le tombeau ; ce ne sont que menus cierges, offrandes de pauvres, qui lentement, avec précaution, après avoir acheté leur chandelle d’un sou l’allument, pour l’enfoncer dans les dents de fer qui courent en triple rang autour du mausolée.

Que de regards ailés j’ai surpris montant très