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D’UNE PARISIENNE

neuvaine, et, si j’avais le moyen de me reposer, je fermerais ma boutique ; ça m’écœure de voir l’indifférence du peuple pour la sainte de Paris.

« Autrefois on n’arrivait pas à servir le client. C’étaient des litanies, des médailles, des chapelets. On achetait pour soi et pour ses amis ; ceux qui ne pouvaient accourir chargeaient leurs voisins de ces emplettes. Aujourd’hui on vous demande des colifichets, des bagues, des boucles d’oreilles… »

Et la bonne femme secoue sa tête tandis que de son bonnet noir s’échappent, en mèches folles, de rares et fins cheveux blancs.

Toutes les marchandes ne se plaignent pas si fort. Plusieurs m’avouent que tous frais payés elles réalisent pendant la neuvaine un bénéfice de près de deux cents francs.

— Ce n’est pas énorme, mais on s’en contente, me dit l’une d’elles, une jeune qui n’a point connu les ascensions lucratives de la butte Sainte-Geneviève par le Paris fervent.

« Il est vrai que nous vendons plutôt de la fantaisie ; c’est la même chose au Sacré-Cœur,