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D’UNE PARISIENNE

et Persons, MM. Worms, Proudhon, le céramiste Lachenal, la famille Doré.

La dernière prière dite, on se dirige vers le cimetière ; une pluie fine, serrée, tombe sans interruption, et le vent qui s’élève plaque le surplis de mousseline sur les épaules grêles des enfants de chœur.

On traverse le village, suivis par le regard des habitants accourus sur le pas de leurs portes. Les femmes saluent d’un large signe de croix.

Sous la rafale, lentement, le cortège chemine ; les routes sont défoncées, on barbote, et chaque pas est scandé par un clapotement. En pleine campagne, seul au milieu des champs, dont les tendres brindilles de blé trouent le sol, estompant la terre humide et grasse d’un frottis vert, très léger, gît comme une enclave, tache blanche sur la vaste plaine, le petit cimetière de Fresnes.

Clos de murs, il apparaît accueillant et paisible avec ses tombes de pierre dont les tons crus se détachent sur les ifs aux noires ramures.

Pas de gardien, nul importun, pour surprendre les brisements des cœurs, les agonies