Page:Néron - Notes et impressions d'une parisienne, 1914.pdf/254

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
232
NOTES ET IMPRESSIONS

près d’une demi-heure. Pendant ce temps, sur le parvis, au nom des professeurs du Collège de France, M. Bréal prononce un très beau discours d’une voix émue.

Après avoir rappelé l’acte de bravoure, accompli simplement avec l’insouciance de la jeunesse, de la pauvre petite victime dont le geste devait sauver M. Émile Deschanel, M. Bréal s’adresse aux étudiants russes :

« Jeunes gens qui venez de si loin, et dont le deuil est attesté par vos couronnes et vos gerbes de fleurs, vous surtout, étudiants russes, pour qui ce chagrin vient s’ajouter à d’autres tristesses, nous ne doutons pas de vos sentiments, nous restons de cœur avec vous ! »

L’orateur termine sur une pensée de pitié pour la meurtrière et par un témoignage d’estime adressé à M. Émile Deschanel :

« Quel châtiment pourra égaler l’amertume des regrets de Véra Gélo ? Durant la vie entière, sa pensée sera obsédée par cette tragédie. Nous demandons pour elle, — ce fut le dernier vœu de Zelenine, — nous demandons pour elle la