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D’UNE PARISIENNE

À l’angle de la deuxième allée, tout près du grand rond-point, au milieu des lilas dont les bourgeons commencent à verdir, entre des tombes et des tombes encore, quelques pieds de terre inoccupés : c’est là.

À perte de vue, dans l’immense champ de repos, on aperçoit, entassées les unes sur les autres, des croix et des colonnes. C’est un enchevêtrement de couronnes de toutes nuances ; en considérant ce macabre fouillis, on se prend à regretter les paisibles cimetières de village où les morts dorment sous les gazons verts que mai émaille de fleurs. Dans le cimetière parisien, la douleur ne trouve même pas un coin de solitude ; c’est une vraie cohue, et on éprouve la sensation que les pauvres morts doivent souffrir des promiscuités dernières de ce champ de repos d’une macabre banalité d’auberge.

Pendant cet enterrement rendu sensationnel par le drame qui causa la mort de la pauvre petite étudiante, le coup d’œil du cimetière Saint-Ouen est vraiment pittoresque. On se croirait dans un parc de sous-préfecture ou dans