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lOOO LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

La déesse enfin ne se révèle pas seulement à sa force, mais à son charme, à ses lèvres, à toute sa démarche. Le coup de foudre n'est pas plus le trait des dieux que l'éclair avec le rire tragique de rétincellc.

��L'esprit est l'adorable étincelle de la pensée. La vérité seule, comme une veuve, peut être lourde et frappante. Mais quand elle sourit, et qu'elle étincelle en sa rapidité, elle a toute la grâce de la jeunesse : elle a les séductions d'une amoureuse erreur. Ainsi l'esprit semble le privi- lège d'une jeunesse éternelle. Des peuples spiri- tuels, on dirait qu'ils ne vieillissent pas. Et la pensée, pour profonde ou sublime qu'elle puisse être, n'est toujours jeune qu'à la mesure où elle reste spirituelle.

Les pauvres Barbares ne sont pas dignes de ce luxe divin. C'est trop pour eux de toutes les beautés en une. Ils ne veulent pas de la fleur avec le fruit : ils ne le croient plus assez nourrissant. Par ce qu'ils ont le fruit assez souvent, et qu'il leur emplit la bouche, ils ne sont pas capables de sentir la fleur sur l'oranger, si elle y est, comme il arrive, avec l'orange. Ils la méprisent ; ils n'ont pas d'yeux pour elle. Ou s'ils la cueillent, sur l'arbre ils ne voient plus le fruit.

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