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96 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

enfin, ce qui n'était pas le moins grave, il ne savait pas danser. Il écoutait sans le moindre sourire les plaisanteries et les anecdotes humoristiques des marins à leur retour. Un jeune apprenti pharma- cien à la chevelure en bataille et aux lèvres closes comme un étau, qui faisait des caricatures des citoyens notables et des épigrammes sur les gens qui avaient été aimables à son égard ne pouvait guère être apprécié des capitaines de mer de Grim- stad. " ^ Il faisait peut-être des caricatures à cette époque, mais il ne les montrait à personne, parce qu'il n'avait personne à qui les montrer, et ses épigrammes ne pouvaient être encore, à ce moment, que les plaisanteries auxquelles il se livrait devant son public de gamins. A part cela, qui est plutôt de ses dernières années de Grimstad, tout le reste de la description vise les premières années, et cessera d'être vrai ensuite. Mais c'est Jous cet aspect que son souvenir a été conservé à Grimstad — du moins par tous ceux qui n'ont pas eu avec lui de rapports vraiment personnels.

Et il n'est pas étonnant que, dans les conditions misérables où il vivait, accablé de sa solitude, et sentant contre lui une sorte de réprobation muette, il se soit raidi et ait pris une attitude de plus en plus hostile, en même temps que, dégoûté et ne voyant pas d'issue, il se laissait aller, et ne réagis-

1 Hjalmar Hjorth Boyesen : A commentary on the <works of Henrik Ihserty p. 16.

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