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IOl6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

tificaux. Encore si Stendhal avait pu fréquenter chez les forçats. A la bonne heure dîner avec tel assassin au tromblon, prier chez soi tels birbes de grand cru et de la bonne année : car pour les crimes comme pour les vins, il y a des saisons heureuses : il y faut le terroir, et la comète aussi.

Mais non. D'affreux prêtres, que le Saint-Siège envoie purger dans l'oubli une infamie secrète ; de petits coquins ou de sales fripons qui font pénitence ; mais la contrition n'y est pas. Et les ignobles commis de la police, argousins, geôliers, tous espions de la Consulta et de l'Autriche. Ils ne prennent pas un bain tous les dix-neuf ans ; et leurs joues mal rasées, où la sueur grouille, sem- blent deux fromages de Roquefort.

Stendhal a été banni des capitales italiennes par la volonté de l'Autriche : il a eu l'exclusive. Cet honneur là était bien dû à un homme de sa force : d'autant plus souverain, qu'on le lui a rendu sans trop savoir à qui.

Pour le dire en passant, que ce soit en 1840 ou en 19 10, comment se peut-il qu'il y ait encore une Autriche ? Se peut-il, véritablement, qu'on n'ait pas compris que la paix du monde doit se faire aux frais de l'Autriche ? Elle seule peut gorger les Allemands en Europe. Et, du moins, après le premier engourdissement de la digestion, y a-t-il des chances qu'ils se dévorent entre eux. Mais, moi aussi, je m'égare.

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