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1064 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

déçoit, qui ne s'achève pas en rêverie ; quand chaque année je relis le Désert, comment reprocherais-je à Loti de prolonger sa vision distincte par des sensations flottantes et des impressions indécises ? Mais d'abord il pose nettement les grands traits significatifs. Puis, sa manière ne convient pas également à tous sujets. Le visiteur de l'Egypte ou de l'Inde, qui veut qu'on l'aide à retrouver, non l'atmosphère du pays, mais les lignes d'un paysage unique, la figure d'un monument, la face et l'allure des divers types humains, préfère aux phrases un peu floues de Loti cette prose patiente, appliquée et précise que Taine apprit à Chevrillon.De même, après que Jean Renaud m'a conduit devant les temples et les tombeaux d'Annam, je de- mande à les revoir de plus près, à suivre leurs contours de l'œil et de la main. Mais je n'attends pas qu'on puisse mieux évoquer le mystère de la forêt laotienne ou les aspects du " Pays Inconnu ".

M. A.

��LE ROMAN

DIDIER HOMME DU PEUPLE, par Maurice Bonneff (Payot).

M. Bonneff écrit à V Humanité des articles très utiles et inté- ressants sur l'apprentissage et les métiers. Il était naturel que son contact quotidien avec la vie ouvrière le conduisît à trans- poser dans un roman son abondante expériance. Aussi Didier homme du peuple frappe-t-il par une vérité non dramatique, mais naturelle, nécessaire, et, puisque tous les lecteurs d'un journal populaire en suivent le feuilleton, VHumanité eût été mieux inspirée en publiant à son rez-de-chaussée Didier que Nana, tout indiquée, n'est-ce pas î pour servir à l'éducation populaire. Bien entendu le roman de M. Bonneff, comme la

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