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LES CAVES DU VATICAN 24I

C'était tout ; et cela suffisait : la comtesse recevait volontiers les gens de robe ; de plus le cardinal André tenait l'âme de la comtesse en sa main. Elle ne fît qu'un bond jusqu'au salon et s'excusa de s'être fait attendre.

Le chanoine de Virmontal était bel homme ; sur son noble visage éclatait une mâle énergie qui jurait (si j'ose dire) étrangement avec l'hésitante précaution de ses gestes et de sa voix, comme étonnaient ses cheveux presque blancs, près de la carnation jeune et fraîche de son visage.

Malgré l'affabilité de la comtesse, la conversation s'engageait mal et traînait en phrases de convenances sur le deuil récent de la comtesse, la santé du cardinal André, le nouvel échec de Julius à l'Académie. Cependant la voix de l'abbé se faisait de plus en plus lente et sourde, et l'expression de son visage désolée. Il se levait enfin, mais au lieu de prendre congé :

— J'aurais voulu. Madame la comtesse, et de la part du cardinal, vous entretenir d'un sujet grave. Mais la pièce est sonore ; le nombre des portes m'effraie ; je ■craindrais qu'on ne nous puisse entendre.

La comtesse adorait confidences et simagrées ; elle fit entrer le chanoine dans un boudoir étroit auquel on n'accédait que par le salon, ferma la porte :

— Ici nous sommes à l'abri, dit-elle. Parlez sans crainte. Mais au lieu de parler, l'abbé qui, en face de la

comtesse avait pris place sur un pouf, tira un foulard de sa poche et y étouffa des sanglots convulsifs. Perplexe, la comtesse atteignit sur un petit guéridon près d'elle, un panier à ouvrage ; chercha dans le panier un flacon de sels, hésita à l'offrir à son hôte, et prit enfin le parti de le respirer elle-même.

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