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LES CAVES DU VATICAN 283

mulée. Deux larges fenêtres ouvraient sur un jardin ; Amédée, penché vers la nuit, contempla d'indistincts et sombres feuillages, longuement, laissant l'air tiède lente- ment calmer sa fièvre et le persuader au sommeil. Au-dessus du lit, un voile de tulle retombait en brouillard exactement de trois côtés ; de petits cordonnets, semblables aux ris d'une voile, le relevaient par devant dans une courbe gracieuse. Fleurissoire reconnut là ce qu'on appelle : moustiquaire — dont il avait toujours dédaigné d'user.

Après s'être lavé, il s'étendit avec délices dans les draps frais. Il laissait la fenêtre ouverte ; non toute grande assurément, par crainte du rhume et de l'ophtalmie, mais un des battants rabattu de manière à ce que ne lui par- vinssent pas directement les effluves ; fit ses comptes et ses prières, puis éteignit. (L'éclairage était électrique, qu'on arrêtait en chavirant la chevillette d'un interrupteur de courant.)

Fleurissoire allait s'endormir lorsqu'un mince chanton- nement vint lui remémorer cette précaution, qu'il n'avait point prise, de n'ouvrir la fenêtre qu'après avoir éteint ; car la lumière attire les moustiques. Il lui souvint aussi d'avoir lu quelque part des remercîments au bon Dieu pour avoir doué l'insecte volatile, d'une petite musique particulière, propre à avertir le dormeur à l'instant qu'il allait être piqué. Puis, il fit retomber tout autour de lui la mousseline infranchissable. " Combien cela ne vaut-il pas mieux, après tout, pensait-il en s'assoupissant, que ces petits cônes en feutre d'herbe sèche, que, sous le nom baroque de fidibus^ débite le père Blafaphas ; on les allume sur une soucoupe de métal ; ils se consument en répan-

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