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408 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

bornée, et banale et sommaire ; mais elle dit ce qu*elle dit et chez elle la manière ne compte point. Il vous semble peut-être que plus généraux, plus usagés, plus attendus seront les idées et les sentiments que le poète aura à mettre en œuvre — et le plus clair de son royaume n*est-il pas la province des lieux-communs ? — plus, il devra raffiner sur la forme...? Opinion de gens cultivés et de littérateurs î Nous n*en avons que faire ici. Il s*agit d'aller vite ; il s'agit d'aller droit ; et le peuple le veut ainsi, soit qu'on lui parle vengeance ou amour, soit internationale ou patrie ; il s'agit d'aller fort. Or, un lieu-commun ne garde sa force expansive, c'est-à-dire commune, qu'en gardant sa facilité et sa banalité. Défendre à un Déroulède d'être banal, d'être facile ? autant lui défendre d'être lui-même, c'est-à-dire le poète populaire du patriotisme français. Lui faire grief de son banal clairon ? Mais c'est avec un clairon qu'on claironne. Sa poésie, si poésie il y a, ne pèche point par insuffisance ; elle est toujours ce qu'elle veut être et à aucun moment ne veut être ce qu'elle n'est pas. Voilà du moins, une leçon que maints poètes raffinés auraient besoin de prendre d'elle.

On compte, j'en conviens, dans les chants de Paul Déroulède un très grand nombre de vers pauvres et prosaïques, mais on en trouve aussi et souvent, de forts, de pleins, à la Corneille — et si la manière cornélienne dont j'admets que l'on

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