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45^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

perruque et son costume de paysan ; il reparut bientôt après, rajeuni de trente ans, sous les traits d'un employé de magasin ou de banque, de Taspect le plus subalterne. Il n'avait pas trop de temps pour attraper le train qu'il savait devoir emporter aussi Fleurissoire, et partit sans prendre congé de Bardolotti qui dormait.

��VII

��Fleurissoire regagna Rome et la via dei Vecchierelli le soir même. Il était extrêmement fatigué et obtint de Carola qu'elle le laissât dormir.

Le lendemain, dés l'éveil, son bouton, au palper, lui parut bizarre ; il l'examina dans une glace et constata qu'une squame jaunâtre en recouvrait l'écorniflure ; le tout avait méchant aspect. Comme à ce moment il entendit Carola circuler sur le palier, il l'appela et la pria d'examiner le mal. Elle approcha Fleurissoire de la fenêtre et affirma dès le premier coup d'oeil :

— Ça n'est pas ce que tu crois.

A vrai dire Amédée ne songeait pas bien particulière- ment à cela^ mais l'effort de Carola pour le rassurer l'in- quiéta au contraire. Car enfin, du moment qu'elle affirmait que ce n'était pas cela^ c'était donc que c'aurait pu l'être. Après tout, était-elle bien sûre que ça ne l'était pas ? Et que ce fût cela^ lui le trouvait tout naturel ; car enfin il avait péché ; il méritait que ça le fût. Ça devait l'être. Un frisson lui coula le long du dos.

— Comment t'es-tu fait ça ? demanda-t-elle.

Ah ! qu'importait la cause occasionnelle, coupure du rasoir ou salive du pharmacien : la cause profonde, celle

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