Page:NRF 11.djvu/537

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTULES 531

idéal à celui de la tapisserie. L'une ne remplace pas l'autre, ne supprime pas l'autre, mais il arrive qu'elles se gênent ; leur plus grand tort est de se considérer en rivales, au lieu d'aller chacune son chemin. Comme tout deviendrait plus clair, si pareille situation était reconnue, acceptée et désormais hors de discussion ! — M. Jacques-Emile Blanche aime trop, dans le fond, la peinture de décor et d'impression, pour n'être pas tenté d'y sacrifier lui- même. Je veux surtout retenir, dans sa présente exposition, les pages spontanées, esquisses, cartons et pochades, peintes soit à la détrempe, soit à l'huile sur carton non préparé (c'est-à-dire à l'huile sans le métier de l'huile), où il n'a songé qu'à traduire immédiatement le plaisir de son œil, qu'à confesser son émotion la plus nue. Ses fleurs, perdant tout poids, toute épaisseur, jouent délicatement sur des fonds singuliers ; elles sont plutôt tissées que peintes : c'est un emmêlement curieux et charmant de fils. Ses impressions de Venise, d'Avignon et de Londres ont une délicatesse et une justesse charmantes. Une foule sur la place Saint-Marc à l'heure du thé ; la pelouse vivante d'un square londonien ; dans Régent Street un défilé d'automobiles bigar- rées ; une vieille maison anglaise, toute blanche avec son balcon vert, près d'un arbre printanier ; la confusion des régates, tout cela est noté au vif, à la hâte et comme d'un seul mouvement. On trouve ici une singulière habileté, mais plus encore : avec le sentiment le plus fin de l'atmosphère, de l'heure et de la vie, la subtile compréhension de l'âme d'une ville et d'un paysage. Ici Londres est Londres et non pas Venise. En peignant Londres, M. Jacques-Emile Blanche a peint, pour la première fois peut- être, une chose qu'il aime et d'un cœur profond.

H. G.

Tu ES FEMME... TOHian, par Harlor (Pion).

Certainement écrit par une femme, c'est un roman très dis- tingué et très sérieux. Avec quelque chose de la technique de Paul Adam et de Rosny, il accumule de nombreux croquis, des

�� �