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séjOUR DE STENDHAL A BRUNSWICK 589

d'esprit et du peu de caractère de la nation, ne m'émeut pas.

Le principal défaut des Allemands, à mes yeux, est de manquer de caractère. Outre la nature, que j'observe tous les jours, il me semble qu'on voit ça clairement dans la différence du style allemand et du style espagnol, même dans les traductions françaises. Qu'on lise les nouvelles de Cervantes, les mémoires de don Philippe, et deux ouvrages allemands analogues.

Ensuite leur gouvernement leur a donné l'esprit de formalité, le génie jurisconsulte.

Ensuite, la lecture de Bible les a encore rendus niais et enflés. Cette cause agit également sur le caractère anglais. ^

La froideur des Allemands s'explique bien par leur nour- riture : du pain noir, du beurre, du lait et de la bière ; du café cependant, mais \\ leur faudrait du vin, et du plus généreux, pour donner de la vie à leurs muscles épais.

Ils ne peuvent pas vivre sans femme (le libraire de M. Heyer), beaucoup d'enfants. Peu de cocus.

Bonne foi remarquable dans la nation. Preuve : les nombreux envois d'argent par la poste.

Depuis un mois environ, les préjugés qui me cachaient le caractère allemand tombent de toutes parts, et je com- mence à le voir nettement, je crois. Les plus grands souverains du XV IIP siècle, Frédéric II et Catherine II, étaient de cette nation. Mais je n'ai pas encore trouvé que depuis qu'elle a dégénéré du caractère que lui donne

  • A deux reprises, Stendhal a écrit au crayon, en face de ce

paragraphe et des deux précédents, ce jugement : " Vrai ".

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