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664 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

nombre de lettres et de dépêches, qu'il alla porter lui- même à la poste.

Comme il rentrait, on le vint avertir qu'une dame était venue le demander ; elle n'avait pas dit son nom, attendait dans le reading-room. Julius s'y rendit et ne fut pas peu surpris de retrouver là Carola.

Non dans la première salle, mais dans une autre plus retraite, plus petite et peu éclairée, elle s'était assise de biais, au coin d'une table reculée, et, pour se prêter contenance, feuilletait distraitement un album. En voyant entrer Julius elle se leva, plus confuse que souriante. Le manteau noir qui la recouvrait s'ouvrait sur un corsage sombre, simple, presque de bon goût ; par contre son chapeau tumultueux quoique noir la signalait d'une manière désobligeante.

— Vous allez me trouver bien osée. Monsieur le Comte. Je ne sais pas comment j'ai trouvé le courage d'entrer dans votre hôtel et de vous y demander; mais vous m'avez saluée si gentiment hier... Et puis ce que j'ai à vous dire est trop important.

Elle restait debout derrière la table ; ce fut Julius qui s'approcha; par dessus la table il lui tendit la main sans façons :

— Qu'est-ce qui me vaut le plaisir de votre visite ? Carola baissa le front :

— Je sais que vous venez d'être bien éprouvé. Julius ne comprit pas d'abord ; mais comme Carola

sortait un mouchoir et le passait devant ses yeux :

— Quoi î c'est une visite de condoléance ?

— Je connaissais Monsieur Fleurissoire, reprit-elle.

— Bah !

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