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LES CAVES DU VATICAN 689

l'excès de cette résignation, la dernière fois que je vous vis à Milan, m'avait paru beaucoup plus près de la révolte que de la véritable piété, et m'avait grandement incommodé dans ma foi. Dieu ne vous en demandait pas tant, que diable ! Parlons franc : votre attitude m'avait choqué.

— La vôtre, je puis donc aussi vous l'avouer, m'avait attristé, mon cher frère. N'est-ce pas vous, précisément, qui m'incitiez à la révolte, et...

Julius qui s'échauffait l'interrompit :

— J'avais suffisamment éprouvé par moi-même, et donné à entendre aux autres dans tout le cours de ma carrière, qu'on peut être parfait chrétien sans pourtant faire fi des légitimes avantages que nous offre le rang où Dieu a trouvé sage de nous placer. Ce que je repro- chais à votre attitude, c'était précisément, par son affec- tation, de sembler prendre avantage sur la mienne.

— Dieu m'est témoin que...

— Ah ! ne protestez pas toujours ! interrompit de nouveau Julius. — Dieu n'a que faire ici. Je vous explique précisément, quand je dis que votre attitude était tout près de la révolte... j'entends : de ma révolte à moi ; et c'est là précisément ce que je vous reproche : c'est, en acceptant l'injustice, de laisser autrui se révolter pour vous. Car je n'admettais pas, moi, que l'Eglise fût dans son tort ; et votre attitude, sans avoir l'air d'y toucher, l'y mettait. J'avais donc résolu de me plaindre à votre place. Vous allez voir bientôt combien j'avais raison de m'in- digner.

Julius dont le front s'emperlait posa sur ses genoux son haut-de-forme.

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