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720 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Fontaine " : " Lui même ! Voilà qui l'intéresse bien plus que la satire générale de la société dont on a voulu voir le tableau critique dans la galerie de ses fables. La Fontaine n'eut jamais, je crois, de si vastes desseins et c'est précisément parce qu'il ne les avait pas qu'il donne l'illusion de les avoir réalisés. Cet homme était bien trop égoïste, pour s'intéresser de si près aux autres hommes et la morale de ses fables, si dure, si hautaine, si cruelle même, prouve bien qu'il n'a nulle intention de réforme. Il prend la vie comme elle est et la peint telle qu'il la voit. Mais comme on sent que ça lui est indifférent ! C'est une idée bien singulière de vouloir faire de La Fontaine un moraliste. Il ne perçoit le bien et le mal que dans leurs rapports avec lui-même. Il s'amuse de l'un comme de l'autre et au moment qu'on le croit le plus occupé à méditer sur les conflits des petits et des grands, des rois et des peuples, il prépare le papier où il va écrire le Diable en enfer. La Fontaine est d'une inconscience magnifique. Il est la nature même. Si par hasard c'était en ce sens qu'on eût insisté sur sa " bonhomie " je n'y trouverais rien à redire. Cependant il faut définir les mots. Son œuvre est la philosophie de l'égoïsme ingénu. Traduisez cela par un seul mot, si vous voulez, mais sachez du moins ce qu'il contient. " M. Remy de Gourmont ne sera jamais dupel des mots vagues qu'emploient nos esthéticiens. Son souci de| critique est celui-même de Sainte-Beuve : de fixer des valeursj précises — et il se trompe rarement.

H. G.

��LA POESIE

LUMIÈRES DU MONDE, par Paul Castiaux. (Mercur< de France, 3 fr. 50.)

On connaît avantageusement M. Paul Castiaux par son

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