Page:NRF 11.djvu/760

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

754 L^ NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

qu'elles s'aperçurent que la nuit venait ; elles redescendirent, et coururent jusqu'aux premières rues de Plainpalais.

Pendant deux jours elles cherchèrent l'impasse et la grande porte. C'était un endroit où l'on pou- vait se cacher et se reposer ; c'était aussi un bel emplacement pour des jeux de courses ou de guerre. Et cette chambre inconnue, au dessus de la salle, comme est le ciel au-dessus de la terre... Le troi- sième jour elles reconnurent l'impasse. Mais la grande porte était fermée, et elles lurent un écriteau : A louer ; s adresser... Et elles recom- mencèrent à marcher à travers les faubourgs. La neige fondait en boue. Des odeurs écœurantes, froides et viles, montaient des tas de balayures et des ruisseaux, et s'insinuaient en elles. Elles pres- saient le pas et ne disaient plus rien. Depuis com- bien de mois cette existence durait-elle } Exacte ment : depuis onze jours.

Au bout desquels Monsieur Sue revint encoi une fois d'Angleterre. 11 lui arrivait de venir ainsi sur le Continent ; mais il laissait de lui tant de choses en Angleterre, qu'on sentait bien qu'il n'était que de passage ailleurs. M. Sue avait, chez son tailleur de Londres, un mannequin modelé sur son corps même ; il avait, chez son bottier de Londres, un moulage de chacun de ses pieds ; et il avait, chez son chapelier de Londres, une chose sans nom, qui était la forme de sa tête. M. Sue

��i

�� �