Page:NRF 11.djvu/791

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

JOURNAL DE VOYAGE (cANADa) 785

rouve une situation quelconque et je consulte la page l'annonces du Fictoria Colonist,

Voici de nouveau tous mes projets changés. Cela a été ji rapide que j'ai peine à y croire moi-même. En quittant les Higgs et leurs poulets, j'ai passé à Victoria quelques journées mélancoliques, cherchant en vain une occupa- tion ; ce n'est pas du tout si facile à trouver qu'on le croit. Je répondais aux annonces les plus variées et toujours sans succès.

Dans ma pension est une grande Anglaise, d'une quarantaine d'années, un peu originale et bohème. Miss Paine ; elle donne des leçons d'anglais à une Indienne, femme d'un Américain, exploiteur de forêts. Hier elle me dit que cette squaw l'invite à camper au nord de l'île parmi les gens de sa tribu, et l'autorise à emmener avec elle une amie. Cette Indienne, Mrs. Donahoo, était veuve d'un chef dont la tribu habitait le long du fjord de Kyuquot, au nord de l'île de Vancouver. Il y a quelques années, une barque contenant trois jeunes blancs chavirait sur la rive. Deux d'entre eux se noyèrent ; le troisième, qui était demeuré toute une nuit cramponné à l'épave, fut recueilli par les Indiens et soigné par la veuve du chef. En reconnaissance il l'épousa, et depuis lors ils par- tagent leur temps entre Victoria et Kyuquot. L'Indienne, demeurée sauvage, refuse d'habiter une maison, préférant camper à Victoria sur sa gazoline dans la baie d'Esquimalt, à quelques milles de la ville.

Miss Paine semblait un peu ennuyée à l'idée d'aller seule chez les Indiens; elle a accepté avec plaisir ma pro- position de l'accompagner. Il fallait que je sois présentée

�� �