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924 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

signiftcation éternelle des sculptures quand j'eus reconnu les Apôtres dont j'avais vu les statues moulées au musée du Trocadéro et qui, des deux côtés de la Vierge, devant la baie profonde du porche, m'attendaient comme pour me faire honneur. La figure bienveillante et douce, le dos voûté, ils semblaient s'avancer d'un air de bienvenue, en chantant l'alleluia d'un beau jour. Mais on s'apercevait que leur expression était immuable et ne se modifiait que si on se déplaçait, comme il arrive quand on tourne autour d'un chien mort. Et je me disais : " C'est ici, c'est l'église de Balbec. Cette place qui a l'air de savoir sa gloire est le seul lieu du monde qui possède l'église de Balbec. Ce que j'ai vu jusqu'ici c'était des photographies de cette église, et, de ces Apôtres, de cette Vierge du porche si célèbres, des moulages dans un musée. .^ Maintenant c'est l'église elle-même, c'est la statue ell( même, elles, les uniques : c'est bien plus. "

C'était moins aussi peut-être. Comme un jeune homi un jour d'examen ou de duel trouve la date qu'< lui a demandée, la balle qu'il a tirée, bien peu chose, quand il pense aux réserves de science et courage dont il aurait voulu faire preuve, de même mol esprit qui avait dressé la statue de la Vierge hors d< reproductions que j'en avais eues sous les yeux, inaccessibl aux vicissitudes qui pouvaient menacer celles-ci, intacte on les déchirait, si on les brisait, idéale, ayant une valei universelle, s'étonnait de voir la statue qu'il avait mil! fois sculptée réduite maintenant à sa propre apparence d< pierre, occupant par rapport à la portée de mon bras une place où elle avait pour rivales une affiche électorale et pointe de ma canne, enchaînée à la Place, inséparable di

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