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NOTES 169

ces projections, d'extraordinaires dépenses d'esprit et d'accent anglais. II n'arrivait pas à nous empêcher d'être émus presque jusqu'aux larmes. J. S.

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��UN FILM SENSATIONNEL DE M. D'ANNUNZIO A ROME.

Las de jouer les Coriolan, M. Gabriele d'Annunzio vient de consentir à rentrer dans son ingrate patrie. Il y rentre triom- phalement, mais à vrai dire tacitement, par le cinématographe. D'énormes affiches à ses couleurs pavoisent Rome, et l'on y lit : Cabirta. Si ce titre ne vous dit rien, sachez que tel est le nom d'une suivante de Sophonisbe, prétexte gracieux et " anacréon- tique " comme l'apothéose qui termine le film, à nous montrer Rome et Carthage, Annibal passant les Alpes, Massinissa dans son camp, des forteresses magnifiques dont la toile clouée, cepen- dant, tremble au vent, des guerres et des machines de guerre, des cortèges, des meurtres et des évasions. Sauf la palpitation de la toile, c'est d'une magnificence inutile, incohérente et sans beauté. Quelque Bakst de cinéma aura présidé à la mise en scène, bien que M. d'Annunzio en réclame sur le programme toute la responsabilité et tout l'honneur. On ne peut croire qu'il ait apporté tant de soins à une si pauvre chose et que la misère du libretto conçu par lui ne l'ait pas découragé radi- calement. Du moins la partition spéciale arrangée pour accom- pagner l'action, a dû rasséréner son âme ; à son service, au service de Cabiria, on a mis presque tout Wagner ; à colosse, colosse et demi — et quand les consuls romains délibèrent l'orchestre fait entendre le chant d'épreuve de Walther au premier acte des Meistersinger ; le contraste est irrésistible. On réclame Cabiria sur la scène du Châtelet, en dialecte carthagi- nois, pour la prochaine saison de Paris. — Et cependant les journaux ne tarissent pas d'éloges sur le compte du grand poète italien, créateur du " film artistique..." On dit que M. Bataille suivra. H. G.

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