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LA MARCHE TURQUE 187

Vers neuf heures le brouillard s'est levé, puis entr'ouvert après que nous eûmes doublé la montagne et nous avons pu voir derrière nous tout le massif neigeux de l'Olympe.

D'abondantes pluies ont défoncé la route. Certes elle est pavée par endroits, à la manière des routes du Roi ; mais les pavés alors sont si inégaux, si énormes, si mal enfoncés, que le mieux est de quitter la route et de faire sa piste à côté. On a confié la réfection d'une partie de cette route à un Français que nous avons rencontré tout à l'heure. Il était à cheval et nous a escortés quelque temps ; puis il nous a laissés à l'extrémité de sa con- cession, nous prévenant que la route allait " devenir mauvaise ".

Elle côtoyait d'abord une immense étendue maréca- geuse, naguère cultivée paraît-il, mais au milieu de laquelle, il y a quatre ans, des sources inopinément ont jailli cou- vrant les cultures d'une eau sans écoulement, d'une eau morte, où les roseaux ont remplacé les céréales et les grenouilles les moineaux. Elles font d'un bord à l'autre de l'horizon un extraordinaire vacarme ; et nous nous demandons si les faucons qui planent au-dessus des bords du marais s'en nourrissent, car il ne semble pas qu'il y ait là pour eux rien d'autre à chasser. Parfois pourtant s'envole une poule d'eau ou une sarcelle. Sans doute dans le milieu du marais hante un plus étrange gibier ; des pélicans, dit-on ; et mes regards obstinément fouillent l'épaisseur des joncs, des roseaux dont les hampes sèches et les aigrettes fanées de l'an passé suspendent une sorte de nuage roux au-dessus des fraîches lances vertes.

A Yeni Cheir cependant nous retrouvons une route

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