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2l6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

pondance cesse. La dislocation en hauteur du paysage fait que ses éléments ne s'abouchent plus ensemble : " Là encore, les maisons ne se suivent pas ^. "

Un hiatus se forme, un vide mystérieux et sournois coule entre les choses et vient les détromper d'être ensemble. Il y a dans Rimbaud un motif qu'on pourrait appeler de la lézarde ou de la brèche. Dans un coin du tableau tout à coup il se produit quelque chose qui attente à sa solidité, une infraction imperceptible qui rampe, descend et s'agrandit, une déchirure qui s'ouvre et se propage. C'est toujours par en-haut que l'image est envahie : " Pourquoi une apparence de soupirail blêmirait- elle au coin de la voûte ? ^ " Déjà, dans ses premiers poèmes, Rimbaud aimait à noter la pénétration de l'air ou du jour dans l'épaisseur des choses :

Sous un golfe de jour pendant du toit ^.

Vers la chandelle^ aux trous du toit coulait Vair blanc *.

Dans les Illuminations^ "l'inévitable descente du cieP" devient plus fréquente encore.

Je sais que c^est Toi qui dans ces lierres Mêles ton bleu presque de Sahara ^.

On trouve sans cesse dans la vision et, la plupart du temps, vers le sommet, un bras de mer ou quelque gouffre

' Les Illuminations : Filles //, p. 213.

' Les Illuminations : Enfance^ p. 203.

' Les Toètes de sept anSy Œuvres, p. 64.

  • Les Premières Communions, Œuvres, p. 80.

' Les Illuminations : Jeunesse, p. 232.

" Les Illuminations : Bruxelles^ p. 147.

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