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Julie, que Sa Majesté Impériale voulût vous faire duc ou maréchal de l’Empire ! Vraiment ! un homme si riche que vous, il n’y aurait rien de surprenant !

— Vous êtes trois sottes ! cria M. Irnois d’une voix tonnante. Pour devenir maréchal, il faut avoir été soldat ; il me nommera plutôt baron ! Enfin n’importe ! Je veux que la peste m’étouffe, si je suis bien amusé d’aller parader dans ces Tuileries ! Comment faudra-t-il m’habiller ?

Ce fut encore une délicate question. On ouvrit et l’on repoussa beaucoup d’avis ; enfin, on se rangea au seul raisonnable, qui fut d’appeler le tailleur et de le consulter. On n’avait que trois jours devant soi ; la précipitation ne pouvait être trop grande.

La désolation de M. Irnois fut sans bornes, lorsqu’il apprit le soir même qu’à toute force il lui fallait endosser habit brodé, culotte de casimir, bas de soie blancs, souliers à boucles, chapeau à claque, et se faire friser, et s’embrocher d’une épée, et mettre des gants ! Cependant, il se soumit ; et, tout en jurant et en se démenant comme une mécanique, il s’abandonna aux soins du malheureux, du trop malheureux artisan chargé de donner des grâces à sa personne.

La maison était sens dessus dessous, et cependant Emmelina ne prenait pas la moindre part aux terribles événements déchaînés autour d’elle. Lorsque la lettre du château avait été montrée par son père à sa mère et à ses tantes, elle était seule dans sa chambre, suivant son usage ; le soir, elle entendit parler autour d’elle de ce qui allait advenir ; on lui dit même (ce fut Mlle Catherine) :

— Tu ne sais pas, Emmelina ? Ton père qui va après-demain à la cour… C’est joli ça, ma petite !