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Cabarot ne crut pas devoir jouer la sourde oreille ; il pensa en avoir assez fait pour un premier jour.

— Ah ! madame, s’écria-t-il d’un ton soumis, que je suis malheureux de ne pouvoir encore revendiquer un droit à prodiguer ici mes soins ! Mais je comprends du moins vos inquiétudes maternelles, et je me retire. Adieu, madame ; adieu, mesdemoiselles, à demain. Recevez mes profonds respects.

Il saisit la main de Mme Irnois et la baisa avec effusion ; il fit la même faveur aux mains sèches et tannées des deux vieilles filles ; il glissa un napoléon dans les doigts de Jeanne ; puis, en se retournant, il prit M. Irnois par le bras et l’entraîna avec lui vers la porte. Bien lui prit de le tenir ferme, car, s’il n’eût dépendu que de sa volonté, le futur beau-père n’aurait pas suivi son futur gendre.

— Que me voulez-vous ? dit M. Irnois, arrivé dans l’antichambre à la remorque, ne voyez-vous pas qu’il faut soigner ma fille ?

Cabarot prit un ton mitoyen entre la débonnaireté et la raideur impérieuse :

— Mon cher monsieur, j’ai vu mademoiselle votre fille, et elle me convient sous tous les rapports. J’obéirai très aisément à l’Empereur. À quand fixons-nous la signature du contrat ?

— Diable ! vous allez vite !

— C’est mon usage. Et d’ailleurs, l’Empereur le veut.

— Mais l’Empereur ne sait pas que ma fille est malade !

— Nous la soignerons. Il faut en finir. L’Empereur n’aime pas les résolutions qui traînent.