Page:NRF 12.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

RÉFLEXIONS SUR LA LITTERATURE 297

tions visibles, l'appareil à bossages avec ces petits faits entassés et distincts, rappelle le Palais Pitti, et la peinture puissante des plafonds est d'un Bolonais qui se voudrait Vénitien. Mais toute la décoration est subordonnée à l'architecture, à une architecture logique, oratoire et probante. Quand ses images ne prennent pas place dans un ordre, c'est de l'or qui devient charbon. Le " logicien qui vit dans l'abstraction ", qui aurait pour contraire son " style plastique, coloré et sculptural, tout en reliefs et en images ", n'existe, comme M. de Gourmont nous le montre, que dans l'imagination de M. Faguet, et d'ailleurs, depuis Parménide et Platon, il n'y a pas eu de plus grands créateurs d'images que les logiciens de génie vivant dans l'abstraction, ayant comme le chêne de la fable, la tête voisine du ciel et les pieds vers l'empire des morts. Seulement, le " visuel " et le ** sensoriel " que M. de Gourmont voit dans Taine, ne fournissent à ce style que le sang en mouvement dans un corps vigoureux, pondéré, puissant et dont l'essence est de disposer des preuves, de faire agréer des raisons. Aussi un tel style, où le visuel et le sensoriel sont subordonnés, semble par là, en tant même que style, fort différent d'un style où le visuel et le sensoriel sont le primordial et l'essentiel, celui d'un Hugo dans sa prose (comparez les Choses Vues aux Carnets de Voyagé), d'un Michelet (comparez les Origines et V Histoire de la Révolu- tion), d'un Gautier (comparez les deux Voyages en Italie y celui de Gautier qui a conservé ses couleurs, comme un tableau vénitien, celui de Taine qui a poussé au noir). Les Origines de la France contemporaine, si opposées à Michelet, n'ont qu'un pendant, qu'un analogue, dans la littérature française, c'est l'autre chef-d'œuvre de l'histoire oratoire, VHistoire des Varia- tions. Si Bossuet avait conservé dans son Histoire toute la flamme imagée de ses premiers Sermons, si cette flamme avait fait partie de sa bonne conscience, s'il l'avait cultivée et développée, les deux livres se ressembleraient bien davantage.

Venons à la question générale qui est, en somme, une discus-

�� �