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298 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

sion du mot célèbre de BufFon. M. Faguet admet que le style peut être, ainsi que chez Taine, le contraire même de Thomme. M. Remy de Gourmont n'a pas de peine à relever, en ce qui concerne Taine, la légèreté de ces affirmations, qui ont pour source une phrase de Sarcey, à montrer avec quelle naïveté pataugea dans cette source douteuse un M. Albalat, qui, '* ébloui, suit des yeux " M. Faguet, " le boit " et, auteur de VArt d^ écrire enseigné en vingt leçons, de la Formation du style par r assimilation des auteurs, nous assure que "Taine, d'abord écrivain abstrait, avait plus tard coloré son style artificiellement. " Comme il enseigne, dans ces deux livres, à colorer ainsi un style quelconque, l'exemple de Taine sert, à point, de réclame (vingt mille lettres d'attestation) à notre marchand de poudres colorantes. M. de Gourmont, lui, dit avec beaucoup de bon sens : " BufFon faisait de la science. Le style est P homme même est un propos de naturaliste, qui sait que le chant des oiseaux est déterminé par la forme de leur bec, l'attache de leur langue, le diamètre de leur gorge, la capacité de leurs pou- mons... Il y a bien deux sortes de style ; elles répondent à ces deux grandes classes d'hommes, les visuels et les émotifs. " Le style, pour lui, est donné, comme d'ailleurs tout l'homme, dans la nature sensible de l'homme, il est sécrété par une sensibilité. On sait que M. de Gourmont représente chez nous, très singu- lièrement, un délégué du XVIIP siècle, comme Brunetière tenait jadis la place d'un délégué du XVII®. Son sensualisme est dérivé des mêmes sources que celui de Taine lui-même. L'explication d'un style, ou même de quoi que ce soit, par une volonté autonome, lui paraît le comble du non-sens. Louant M. Victor Giraud d'avoir, dans son livre sur Taine, jugé " irrecevable " l'opinion de M. Faguet, M. de Gourmont écrit : " La raillerie de M. Giraud est presque muette, mais elle est profonde. Il appartient à une génération qui n'ignore plus (comme celle de M. Faguet) le mécanisme physiologique de la pensée et qui sait que la volonté n'est pas autre chose

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