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LES REVUES 347

la beauté artistique, laquelle, chez Beethoven, est malheureusement de beaucoup inférieure à l'intention philosophique.

M. Alfredo Casella conclut en ces termes :

Que Beethoven ait été doué d'un puissant génie, nul ne songe à le contester. Qu'il ait infiniment élargi les possibilités musicales, cela est non moins certain. Et on peut ajouter que sa venue était nécessaire pour réagir contre l'esprit irritant, étriqué et frivole qui aurait, sans aucun doute, continué l'oeuvre de Mozart.

Mais surtout, il faut déplorer la surdité de ce grand homme, qui atrophia en lui toute sensualité sonore et nous priva cruellement de l'évolution technique que l'on pouvait attendre d'un musicien de sa trempe.

Ne confondons donc plus l'homme et l'artiste. L'homme fut incomparablement grand et il sera toujours un des plus admirables exemples de ce que peut la volonté humaine contre la destinée. Mais que la valeur morale de l'homme ne masque plus à nos yeux les défauts de l'artiste ; n'oublions pas qu'il fut un génie fort inégal.

Nous n'avons pas qualité pour discuter techniquement la thèse de M. Alfredo Casella, encore que nous la jugions excessive. Mais comme nous avons reproduit s«6 arguments, nous accueillerons la réplique que ne manquera pas de leur opposer quelque musicien " beethovenien " — s'il en reste.

��Encore la tradition : M. Raoul Narsy étudiant le dernier livre de M. Anatole France, la Révolte des Anges, relève une singulière contradiction entre le classicisme de la forme et l'anarchie romantique du fond (I'Occident, N** de Juin) :

On ne peut se retenir de faire ici une réflexion. Il est constant que, parmi les écrivains contemporains, l'auteur de Thaïs est l'un de ceux qui rendent témoignage pour la culture classique, qui lui doivent le plus et qui lui demeurent le plus fidèlement attachés. C'est sa méthode, sa tradition, le commerce de ses maîtres qui ont

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