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C’est pendant la guerre qu’Einstein a modifié son principe de telle sorte qu’il pût servir à l’explication de la pesanteur universelle. Nos astronomes, pendant longtemps, ne purent en avoir connaissance, à cause de la difficulté qu’ils trouvaient à se procurer les publications allemandes. Un exemplaire de l’ouvrage d’Einstein put enfin leur parvenir et le lecteur anglais a désormais tous les éléments d’information sur ce sujet dans les admirables Mémoires du Professeur Eddington présentés à la Société Royale d’Astronomie.

La gravitation, depuis Newton, restait à l’écart de toutes les autres forces naturelles. Toutes les tentatives faites pour en rendre compte avaient échoué ! Même l’immense travail d’unification réalisé par la théorie électro-magnétique semblait ne pas s’étendre à la pesanteur. La nature, sur ce point, paraissait défier les efforts des physiciens.

C’est alors qu’Einstein intervient. Il met au jour une hypothèse dont on peut dire, indépendamment de toute vérification ultérieure, qu’elle se range parmi les monuments les plus beaux du génie humain. On avait retouché l’œuvre de Newton ; restait à remanier celle même d’Euclide. La nouvelle théorie d’Einstein s’établit sur des fondements non-euclidiens. La géométrie non-euclidienne tire son origine de préoccupations logiques et philosophiques ; ses promoteurs n’ont guère songé qu’elle dût, un jour, recevoir des applications dans la physique.

L’examen des axiomes de la géométrie d’Euclide a donné à penser qu’il fallait distinguer entre ceux d’entre eux qui ont un caractère de nécessité, et ceux qui introduisent dans la construction de la géométrie des données d’ordre expérimental ou empirique. Comme vérification de cette thèse, on a réussi à construire des géométries parfaitement cohérentes dont les axiomes sont en partie différents de ceux choisis par Euclide. Dans ces géométries, la somme des angles d’un