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LETTRES OUVERTES 125

faire une arme, celle-ci blessera du même coup nombre de vos amis véritables.

Fouillant d'anciens carnets, j'ai ressorti pour vous, quelques notes sur l'Allemagne (v, page 35) où les lec- teurs de notre revue puissent voir combien ma pensée, au cours de cette guerre, avoisina souvent la vôtre. Je n'ai certes point la prétention d'y aboutir à aucune for- mule définitive, mais me tiendrai pour satisfait si, par elles et par cette lettre ouverte que j'y joins, j'invite d'autres esprits, qui se sont tus jusqu'aujourd'hui, à donner enfin leur avis, ici même ou ailleurs, sur des questions urgentes qui méritent, entre toutes, de nous occuper aujourd'hui.

��Il A JEAN COCTEAU

Mon cher Cocteau,

Je vous ai déjà dit le plaisir que j'avais pris à lire le Cap de Bonne-Espérance ; celui plus vif encore à vous l'entendre Hre, car vous le lisez avec un talent prestigieux.

J'attendais le Coq et l'Arlequin avec une extrême impatience, où se mêlait, il faut bien que je vous l'avoue, une sensible appréhension. Je pressentais que j'allais trouver la clef, non de votre talent, car le talent est « de l'homme même», mais de votre esthétique et l'expHcation de ce qui en vous me déconcerte, précisément parce que je le sens concerté. Ce n'est point que je ne reconnaisse, et depuis longtemps, la justesse de vos maximes, mais cer-

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