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LE DIALOGUE AVEC GÉRAED 345

GÉRARD. — Corrige-moi.

ANTONIN. — Dis-moi, est-ce que tu penses quelquefois à la guerre ?

GÉRARD. — Pas bien souvent.

ANTONIN. — Et à tout ce qu'on souffre ? Et à tous les pauvres morts ?

GÉRARD. — Un petit peu. Pas bien souvent. — Et toi ?

Un silence.

GÉRARD. — Ecoute, je réfléchis à quelque chose. C'est que si j'avais entendu quelqu'un dire ce que j'ai dit pour la mort de Dejoie, j'aurais été scandalisé. Seule- ment quand c'est moi qui le dis, je trouve ça tout naturel.

ANTONIN. — Je comprends assez ton sentiment. Tu es plutôt orgueilleux.

GÉRARD. — Oh ! non, pas excessivement. Mais égoïste, ah ! ça...

ANTONIN. — On te le dit, ou bien tu t'en aperçois s toi-même ?

GÉRARD. — Les deux.

ANTONIN. — Est-ce que personne n'a le pouvoir de te faire de la peine ?

GÉRARD. — Si, les chats ! Ils peuvent toujours me griffer.

ANTONIN. — Gérard, sage Gérard, qui sais si bien m'avertir, quand il m'arrive de sortir de la mesure.

GÉRARD. — Quand j'étais petit, maman m'appelait : «Sa Majesté» (Oh! j'étais très gentil, je ne faisais jamais de mots d'enfant). — Au lycée, ce sont tous des imbéciles. On ne peut pas parler avec eux de choses sérieuses. Pourtant, il y en a de plus inteUigents que moi. Je suis dans la moyenne. '

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