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LE DIALOGUE AVEC GERARD 355

ANTONIN péniblement. — Et alors... alors tu crois qu'il y a beaucoup de gens qui ont pu penser comme tu penses là?

GÉRARD. — Je n'en sais rien. Je ne suis pas un' psychologiste.

ANTONIN. — Il se pourrait que, depuis deux ans, sous toutes les civilités qu'on m'a faites, il y ait eu cette même réprobation ? Je n'ai jamais songé à cela, je croyais que je faisais plus que mon devoir... j'en étais venu à me figurer... Et il faut que ce soit par toi. Comme tout cela est étrange ! (Devant lui tout s'éclaire. Il est pareil à la mort.)

GÉRARD. — Oh ! j'ai tout de même de Testime pour toi.

ANTONIN. — Au moins, maintenant, tu peux êtr«  sûr que, d'ici quatre mois, le petit ruban, là...

GÉRARD {avec dédain). — Oh ! la Croix de guerre !

ANTONIN. — Tu ne sais pas ce que je ferai et déjà tu exiges davantage.

GERARD. — Ça te fait quel âge, en somme ?

ANTONIN. — Vingt-deux ans en avril.

GÉRARD. — Ce n'est plus tout jeune.

ANTONIN, dans un petit souffle. — Non.

GÉRARD. — Dis donc, tu fai^ collection de timbres ? Figure-toi, j'en ai un, il vaut cinq cents francs... C'est vrai ? Tu ne fais collection de rien ? (Autre idée). Est-ce que tu fais de la boxe ? Figure-toi, j'ai inventé un « coup » de boxe... (Longue démonstration, bien confuse, du « coup » qu'a inventé Gérard. Antonin rend là main. Brusquement.) Tu pars bientôt ?

ANTONIN. — Demain soir.

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