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propos au contraire, et au complémentaire, c’est l’histoire de ce qui n’est pas Polyeucte. C’est l’histoire de ce qui n’est pas saint et de ce qui n’est pas martyr. Et je dirai surtout c’est l’histoire de ce qui n’est pas même pécheur.

Corneille nous montre comment la grâce agit, comment elle surprend, comment elle saisit, comment elle pénètre. Notre malheureux propos aujourd’hui est de constater comment elle n’agit pas, comment elle ne pénètre pas.

Et alors Corneille triomphe. Mais nous ne triomphons pas.

Corneille triomphe. S’il s’agit de considérer les ravages de la grâce, tout est merveille. Et tout sera émerveillement. Elle emporte ceux qui sont pour elle. Peut-être plus elle emporte ceux qui sont contre elle. Mais ceux qui ne sont ni pour elle ni contre elle. L’innombrable troupeau des neutres. L’innombrable neutralité des tièdes.

Elle emporte celui qui se met en garde. Mais celui qui ne se met même pas en garde.

Elle emporte celui qui se met en défense. Mais celui qui ne se met même pas en défense.


Et à l’ange de l’église de Laodicée écris : Voici ce que dit en vérité le témoin fidèle et vrai, qui est le principe de la créature de Dieu :

Je sais tes œuvres : que tu n’es ni froid ni chaud : puisses-tu être froid, ou chaud.

Mais puisque tu es tiède, et ni froid ni chaud, je commencerai à te vomir de ma bouche.