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LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Et angelo Laodiciae ecclesiae scribe : Haec dicit : Amen, testis fidelis et verus, qui est principium creaturae Dei :

Scio opera tua : quia neque frigidus es, neque calidus : utinam frigidus esses, aut calidus.

Sed quia tepidus es, et nec frigidus nec calidus, incipiam te evomere ex ore meo.


Le propos de Corneille est gracieux lui-même. Il s’agit de montrer comment la grâce opère. Notre pauvre propos au contraire, et au complémentaire, est ingrat. Il est disgracieux. Il s’agit malheureusement de montrer comment la grâce n’opère pas.

Tant qu’on est du côté de la grâce ce ne sont que merveilles et éblouissements. Il reste malheureusement à se demander pourquoi tout n’est pas du côté de la grâce.

Je me rends bien compte moi-même, qu’on le croie, de l’espèce de bassesse qu’il y a et à analyser, et à commenter une œuvre comme Polyeucte, et à essayer de dresser quelle mauvaise table complémentaire, quel mauvais inventaire de complémentation. Mais au point où nous en sommes il faudra passer par cette bassesse encore. Le problème que nous nous posons est le problème même de l’historien. Et c’est moins celui du théologien que si je puis dire de l’historien de la matière théologique. (Le théologien étant, dans ce système de langage, le théoricien de la matière théologique).

Que l’on me pardonne donc, et que je me pardonne à moi-même d’analyser, de commenter, de complémenter cette œuvre incomparable. Au point où nous en sommes cette bassesse est devenue inévitable.