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384 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

il y a le moins de matière accaparée, fixée par la mémoire et par l'habitude.

Le germe est ce où il y a le moins de matière consacrée à la mémoire.

C'est ce où il y a le moins de dossiers, le moins de mémoires.

Le moins de paperasseries, le moins de bureaucratie.

Ou encore c'est ce qui est le plus près de la création ; ce qui est le plus récent, au sens latin du mot recens. C'est ce qui est le plus frais. Lé plus récemment sorti, le plus sorti des mains de Dieu.

Du bois mort est celui où il y a le plus de matière con- sacrée à la mémoire.

Et la mémoire et l'habitude sont les fourriers de la mort.

Car ils introduisent le vieillissement, le raidissement, le durcissement qui sont leâ expressions mêmes de l'amor- tissement de la mort.

Du bois mort est celui qui a été complètement envahi par ses dossiers, par l'accumulation de ses mémoires.

Du bois mort est du bois qui a été organiquement envahi, et à la limite, par l'envahissement de sa mémoire organique.

Du bois mort est du bois qui a succombé sous l'accumu- lation de sa paperasserie ; de sa bureaucratie.

Ou encore c'est celui qui est le plus loin de la création ; le moins récen«t ; le moins frais. Le moins sorti, le plus éloigné de sortir des mains de Dieu.

Une âme morte est une âme où il y a le plus de matière (spirituelle) consacrée à la mémoire.

Et la mémoire et l'habitude sont aussi les fourriers de cette mort.

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