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406 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Polyeucte voit Sévère devant lui en combat, en com- paraison avec lui. C'est bien le moins que chacun des deux termes de la comparaison soit digne de l'autre. Et il faut cela pour que le combat lui-même, pour que la com- paraison elle-même soit digne de Dieu qui regarde. Et de cette couronne des autres saints et des précédents martyrs qui autour de Dieu regardent.

Devant de tels témoins, devant un tel juge du combat comment donner un faux combat, comment livrer un combat frauduleux. *

Devant de telles compétences, comment livrer un com- bat inopérant.

A de tels spectateurs comment donner un spectacle faussé, un spectacle truqué, comment présenter un spec tacle frauduleux.

A de tels assesseurs, devant un tel juge du combat, devant celui qui voit tout, devant celui qui pèse les impon- dérables mêmes, devant un juge du camp, devant un maître-du-camp juste comment ne pas donner un combat juste, comment ne pas présenter une comparaison juste.

Il faut, pour Polyeucte, il faut que devant Dieu, c'est- à-dire jusque dans les recoins les plus secrets de l'âme et de l'être le combat soit intégralement loyal, que la comparaison soit intégralement à égalité.

Il ferait beau voir que le tenant de Dieu présentât l'ombre d'une pensée frauduleuse en face du tenant qui n'est. pas de Dieu.

Pour Polyeucte, Sévère est un chevalier romain cl lui- même Polyeucte est un chevalier chrétien. La loi de

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