Page:NRF 13.djvu/583

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE PÈRE HUMILIÉ 575

Laisse-moi te montrer ma faiblesse, mon enfant, comme je t'ai montré ma misère. Je ne suis qu'un vieillard.

LE FRÈRE MINEUR. — Restez, Saint Père. Ici vous êtes bien à l'abri avec nous et personne ne vous veut de mal en ce lieu.

C'est cette grande chaleur qu'il a fait aujourd'hui qui vous a éprouvé.

LE PAPE PIE. — Le soir tombe.

LE FRÈRE MINEUR. — Laissez-moi aller vous chercher une cruche d'eau. Un peu de miel aussi, il est très bon, c'est moi qui m'occupe des abeilles,

Le Prieur des ruches, comme on m'appelle.

LE PAPE PIE. — Reste avec moi.

LE FRÈRE MINEUR. — Si je vous vois ainsi désolé, moi aussi, je vais être triste.

LE PAPE PIE. — Et comment ferais-tu, frère Peco- rello, pour être triste ?

LE FRÈRE MINEUR. — Qui pourrait s'empêcher de pleurer en voyant votre grande humilité.

Et cet aveu que vous m'avez fait de vos péchés, simple comme un petit enfant ?

LE PAPE PIE. — Tu m'as sagement parlé, petit frère, et je t'écoutais en prenant de bonnes résolutions.

N'étais-tu pas berger autrefois ? C'est en soignant les moutons que tu as si bien appris à consoler les hommes?

LE FRÈRE MINEUR. — Souvent j'ai rapporté sur mon dos quelque sotte brebis.

LE PAPE PIE. — C'est Nous qui sommes la sotte brebis ?

LE FRÈRE MINEUR. — Pardonnez à ma grande bêtise.

�� �