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LE PÈRE HUMILIÉ 5Q3

ORSO. — Mais il faut que tu l'épouses.

ORIAN. — Notre père me donne un autre conseil.

ORSO. — Te laisses-tu ainsi dépouiller de ce qui est à toi ?

ORIAN. — Orso, si je l'épousais, il n'y a point de mesure possible entre nous ;

Ce qu'elle demande, je ne peux le lui donner,

C'est mon âme qu'elle demande et je ne peux absolument pas la lui donner,

Moi-même ne la possédant pas.

ORSO. — Et moi, père, quel conseil me donnez-vous ?

LE PAPE PIE. — Ne viens-tu pas de Nous dire que tu n'avais besoin d'aucun ?

ORSO, à Orian. — Je ne puis te faire ce tort.

ORIAN. — Aucun tort. Sois à cette âme obscure le guide que je ne puis pas être.

De moi ce n'est pas la lumière qu'elle demande, c'est sa nuit qu'elle voudrait me partager.

Ce n'est pas un tort que tu me fais

A moi de m'interdire ces ténèbres, à elle de lui donner la lumière, si tu le peux, — la cruelle lumière !

LE PAPE PIE. — La lumière n'est pas cruelle.

ORSO. — Adieu, Père ! (// lui baise la main.) — Adieu,

Orian.

// sort.

Silence.

LE PAPE PIE. — Mon fils, il ne faut pas m'en vouloir. Il y a assez de gens qui me haïssent sans toi.

ORIAN. — Père, je ne vous en veux pas.

LE PAPE PIE. — Dis-moi, c'est donc si fort, ces attachements de la terre ?

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