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59^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

fait de vrais romans d'aventures. Pourtant je me trouve plutôt disposé à y chercher des similitudes, tout simplement parce que des similitudes offrent un meilleur terrain pour filtrer et clarifier des idées. De ces similitudes je retiendrai deux, l'une entre les deux romans de M. Benoît, l'autre entre V Atlantide de M. Benoît et le roman de M. Chadoume, et j'essaierai d'en tirer des conciusiotis.

��M. Benoît doit une partie de son succès à l'aisance de sa narration, à la fluidité ingénieuse de ses tableaux successifs, à la souple solidité de sa composition, à des qualités tech- niques et à une certaine présence ou virtualité de roman- cinéma. Mais tout cela, et la suite plus ou moins imprévue des aventures, ce sont les moyiens d'un roman, œ n'est pas son ^essence ni son noyau. Or, l'es deux romans de M. Benoît racontent des histoires différentes, dénouent des écheveaux originaux, mais il les racontent et les dénouent autour du même noyau.

Le centre de Kœnigsmark c'est la grande-duchesse Aurore de Lautenbourg, et le centre de l'Atlantide c'est la princesse Antinea. Toutes deux, également belles bien entendu, diffè- rent apparemment beaucoup dans leur chair : Aurore est une Russe qui fait à Vignerte dans la manière d'Astiné Aravian à Sturel le récit de ses aventures aristocratiques, décousues, pittoresques et savoureuses, et à qui ces aventures de jeunesse ont donné le dégoût de l'homme, de sorte qu'elle est pour bien dire, ou plutôt pour ainsi dire, vierge. Bien au contraire, l' Antinea de VA îlantide est une sotte de Sémiramis ou de Catherine II dans la sensualité saharienne et terrible de qui tient garnison un officier fréquemment renouvelé, happé pour l'amour et la mort par cette fosse de fourmi- lion qui s'ouvre fabuleusement dans le désert rouge. Pour- tant, quelles que soient les différences plastiques et sensuelles

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