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NOTES 627

métaphysique de jadis, elle n'émeut plus, en cette grande âme qui s'apaise, le flux et le reflux des méditations sans terme, c A côté de ce que j'étais l'an dernier, nerveux, tendu, blessé, irrité par toutes choses, venu à l'extrémité, ne pou- vant plus vivre; et maintenant si corrigé, guéri, un grand calme revenu. — Cette grande atmosphère de tragédie ; peut-être cela ». On dirait que son être même — non point sa pensée questionneuse qui s'est tue — est parvenu à l'état de certitude, sans que rien d'ailleurs, je le répète, nous autorise à af&rmer qu'il fût à la veille d'adhérer explicitement au cathoUcisme. Ce qui ressort des lettres avec une évidence absolue, c'est que ce grand soHtaire arraché par la nécessité à ses rêves douloureux, trouva dans le contact des hommes, dans le commerce des humbles, de quoi se réconcilier peu à peu avec les rigueurs mystérieuses de la fortune. Et quelque déchirant regret que nous éprouvions devant cette dispa- rition, comment n'admirerions-nous pas que cette âme ait été cueiUie au plus haut de sa ferveur, alors que, lasse de ses tragiques enquêtes, déprise enfin d'elle-même et de son inquiétude, elle s'abandonnait avec une candeur vaillante au courant irrésistible de son destin ?

G. MARCEL

LE TÉMOIGNAGE DE LA GÉNÉRATION SACRIFIÉE, par Alphonse Mortier (Nouvelle Librairie nationale).

M. Alphonse Mortier n'a pas tardé à rendre aux morts de la grande guerre un hommage que nous ne devrons jamais leur mesurer. Les plus précieux de nos biens nous leur devons de les posséder aujourd'hui encore et peut-être aussi, pour certains d'entre nous, nos personnes. C'est notre premier devoir de reconnaître qu'aucun d'eux ne s'est sacrifié en vain.

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