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634 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

les générations futures. Voilà le sens que nous lui voyons, et il n'est point de mort qui, s'il pouvait parler....

M. Alphonse Mortier a choisi les siens pour les honorer particulièrement. Nous avons pour tous la même recon- naissance profonde — et il y a des siens qui étaient aussi des nôtres. Nous ne dédaignons pas les œuvres où s'exprimaient ces retours sincères, mais pas plus aujourd'hui qu'hier elles ne sauraient enchaîner notre liberté et nous demander de les juger autrement que sur la valeur des idées et des senti- ments qui sont en elles.

GASTON SAUVEBOIS

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��L'ESPRIT IMPUR, par Gilbert de Voisins (Crès).

M. Gilbert de Voisins, s'est attaqué dans ce roman à un sujet nouveau, hardi, pathétique, qui ne pouvait lui pro- mettre aucun succès banal et n'en doit attirer que plus forte- ment l'attention des lettrés. C'est la lutte d'un jeune homme cultivé et passionné, aidé par l'amitié et par l'amour, contre une hérédité alcoolique, un esprit impur qui l'entraîne à la folie comme il y a entraîné son père. L'efïort par lequel il se reconnaît sur cette pente, mesure sa chute, la ralentit, finit par l'arrêter et par remonter, a été analysé et exprimé par M. de Voisins avec un calme, une précision, une sécheresse parfaites. Cette brièveté, cette netteté, ce poids évoquent le bois et le métal d'une sorte de machine d'Atwood morale, qui rendrait intelligibles des mouvements et des arrêts de la volonté. Ces personnages qui s'observent et s'analysent les uns les autres nous font vivre dans une clarté continue, une atmosphère de lucidité sèche. L'étude a toute la valeur d'une observation clinique qui ne se dément que dans les dernières pages, l'achèvement de la guérison par le voyage;

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