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660 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

un dogmatisme, un besoin voilé de donner des directions qui sont signe de force et affirmation de soi. Elle redoute la fausse gravité des métaphysiciens, car elle excelle dans Tessai où se rejoignent tout simplement, tout imiment la spéculation et l'action, la réflexion et la vie. Sa science faite de sagesse ne saurait tenir dans des formules ni rece- voir de développement dialectique ; elle est un humanisme fécondé par la rencontre des événements et des caractères.

Ainsi, peu à peu, s'est modelé le visage de l'homme. Au type latin fruste et taillé tout d'une pièce, tenace, endurci et n'ayant qu'une entente limitée des choses, s'est substitué un tyipe plus riche. Les esquisses en sont nombreuses ; nous nous sommes repris à plusieurs fois pour nous parfaire, car nous nous sommes sentis toujours plus divers et plus multiples. Mais, plusieurs fois, la société française a connu des époques de quiétude. Elle a vécu son présent pleinement, sans regret du passé et sans grand souci d'imaginer l'avenir. Elle a réalisé une fusion complète de la culture et des mœurs. Si elle a compris que, sans la science de l'homme, la science des mœurs serait vaine, elle n'a jamais ignoré que, sans disciphne, la science de l'homme serait un moyen assez médiocre de parvenir. Elle a regardé la vie à hauteur d'homme, sans illusion, avec clairvoyance. Et lorsque sa sincérité et sa lucidité lui ont fait un devoir d'écarter des raisons de vivre périmées, il est resté à ceux qui sont allés au delà des croyances un optimisme intellectuel.

A travers toute son histoire, la pensée française est art de vivre, science du bonheur, disciphne vivante. La continuité de son œuvre dans tous les domaines révèle moins ime nation classique que la nation humaine.

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