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664 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

et reconnaissent, dans la diversité harmonieuse de leur nature, une richesse. Alors de toutes les œuvres, une impression unique se dégage ; elle révèle une tradition. Cette tradition n'est pas un dogme ; elle devient un fait d'expérience.

Les œuvres françaises ne sont que les moments d'un seul effort critique poursuivi à travers les siècles. Face à la vie, la pensée souhaite de comprendre. Elle répugne aux enveloppements, aux atténuations, aux marches et contre-marches des esprits sans viriUté. Elle veut l'émotion exacte, la phrase précise, la décision directe. Positive et expérimentale, elle bannit la sensibiUté trouble sans désa- gréger l'émotion. Car elle ne saurait se confondre avec la « raison » des métaphysiciens allemands, non plus qu'avec !'« esprit » des spiritualistes. Elle n'est pas davantage un art de raisonner suscité par un mauvais goût de logique. La pratique de l'art et de la science, la conduite même révèlent sa nature, qui supposent également une concen- tration et une collaboration de toutes les puissances de l'être. Elles laissent deviner une fusion étroite de la sensi- biUté et de l'inteUigence. Issue de la vie, notre attitude est l'expression et comme l'épanouissement de l'être qui voit clair en soi. Il a conquis, au prix d'une discipline constante, son unité ; par là, son œuvre aussi est une conquête. Tel est l'intellectuahsme français qui nous défend de l'anarchie, qui restitue son sens profond et sa noblesse à l'effort humain : présence d'esprit.

Mais à quoi bon évoquer l'intellectualisme français ? Des écrivains qui se sont découvert tout d'un coup une

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