Page:NRF 13.djvu/727

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE DERNIER CAPITALISTE 719

dente, obscure et prestigieuse, parce que nous organisons, nous, une sélection actuelle, humaine, à ciel ouvert, bien plus énergique et bien plus vaste que votre petit jeu de qui perd gagne.

Nous substituons l'éducation intensive et progressive à la vieille hérédité.

Nous prenons l'enfant dès le berceau et nous le suivons jusqu'à l'âge d'homme. Le Comité de Répartition Intel- lectuelle, qui est la che\âlle ouvrière de la nouvelle société, détient le grand Fichier Public, où tous les Enfants de la RépubUque — même les enfants des capitalistes invé- térés, vous voyez que nous sommes bons — sont classés et possèdent leur carton. Il n'y a, du reste, pas tellement d'enfants, maintenant, on peut les compter.

Nous commençons par donner à tous la même instruc- tion primaire...

KOKUPARKI. — Comment ! à tous ?

No 3. — Nom de Dieu ! oui, à tous.

KOKUPARKI. — Aux aveugles et aux sourds-muets peut-être, mais pas aux idiots, aux fous, ni

No 3. — Ça viendra. Nous subventionnons à Elber- feld l'école des chevaux...

Puis, nous faisons passer au régime secondaire ceux qui ont satisfait aux épreuves du baccalauréat primaire. Les autres, nous les envoyons à l'Université d'appren- tissage manuel. A i8 ans, ils sont versés dans la catégorie des Manœuvres. Ce sont eux qui touchent les plus gros salaires pour les consoler de leur échec et qui ont voix prépondérante en nos conseils.

Voix dans la foule, ponctuée d'un ricanement : a Ils ont le poing prépondérant, mais pas la langue. »

�� �