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772 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

nous, les belles Alpes éblouissantes... C'est là-bas que doit aller Jacques. Dites : est-ce vrai qu'il part demain ?

— Il doit partir demain. Il te l'a dit ?

— Il ne me l'a pas dit ; mais je l'ai compris. Il doit rester longtemps absent ?

— Un mois... Gertrude, je voulais te demander... Pour- quoi ne m'as-tu pas raconté qu'il venait te retrouver à l'église ?

— Il est venu m'y retrouver deux fois. Oh ! je ne veux rien vous cacher ; mais je craignais de vous faire de la peine.

— Tu m'en ferais en ne le disant pas... Sa main chercha la mienne.

— Il était triste de partir...

— EHs-moi, Gertrude... t'a-t-il dit qu'il t'aimait ?

— Il ne me l'a pas dit ; mais je sens bien cela sans qu'on le dise. Il ne m'aime pas tant que vous.

— Et toi, Gertrude, tu souffres de le voir partir?

— Je pense qu'il vaut mieux qu'il parte. Je ne pour- rais pas lui répondre.

— Mais dis : tu souffres, toi, de le voir partir ?

— Vous savez bien que c'est vous que j'aime, pasteur... Oh ! pourquoi retirez-vous votre main ? Je ne vous par- lerais pas ainsi, si vous n'étiez pas marié. Mais on n'épouse pas une aveugle. Alors pourquoi ne pourrions-nous pas nous aimer ? Dites, pasteur, est-ce que vous trouvez que c'est mal ?

— Le mal n'est jamais dans l'amour.

— Je ne sens rien que de bon dans mon cœur. Je ne voudrais pas faire souffrir Jacques. Je voudrais ne faire souffrir personne... Je voudrais ne donner que du bonheur.

— Jacques pensait à demander ta main.

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