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898 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

conditions, et je lui soumets l'hypothèse que l'enfant ait pu prendre peur et s'accuser faussement.

Naturellement cette supposition ne l'enthousiasme pas. Il veut retourner à la ferme et questionner à nouveau. Comme je ne vois guère qu'il puisse en résulter qu'un peu plus de bruit, je l'en dissuade.

Mais le surlendemain, me conduisant de bonne heure à la gare pour prendre le train de Paris, Dolet me dit que le bri- gadier, passant dans le quartier, est entré à la ferme hier soir , et que Julien a reconnu avoir rapporté le porte-monnaie.

— Cette fois, il s'y est pris très doucement. C'est devant nous qu'il l'a interrogé. Il lui a dit : « Nous ne te faisons pas peur. Ne t'occupe pas de ce que tu nous as dit l'autre jour. Si ce n'est pas toi qui as fait le coup, tu n'as pas besoin de t'en accuser et si tu dis différemment de l'autre jour, il n'y a pas de mal. Voyons, l'as-tu rapporté ?» Il a répondu : « Oui. » — « A quel moment ?» Il ne pouvait pas préciser, mais il a répondu que ça devait être vers les neuf heures.

— Quel air avait Julien ?

— Il est entré comme un condamné. Il semblait tout à fait abruti.

— Il n'a rien dit d'autre ?

— Non. J'aurais voulu le forcer à donner des préci- sions, mais les gendarmes étaient pressés et se sont con- tentés de cette déclaration.

— Je me suis demandé, observai-je, si par hasard il n'aurait pas envie d'aller dans une colonie pénitentiaire, par goût du changement, ou parce qu'il croit qu'on y a moins à faire qu'à la ferme. Sait-on ce qui peut se passer dans sa tête ?

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