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Je me refuse à lui donner les épîtres de Paul, car si, aveugle, elle ne connaît point le péché, que sert de l’inquiéter en la laissant lire : « Le péché a pris de nouvelles forces par le commandement » (Romains VII, 13) et toute la dialectique qui suit, si admirable soit-elle ?

8 Mai

Le docteur Martins est venu hier de la Chaux-de-Fonds. Il a longuement examiné les yeux de Gertrude à l’ophtalmoscope. Il m’a dit avoir parlé de Gertrude au docteur Dufour, le spécialiste de Lausanne, à qui il doit faire part de ses observations. Leur idée à tous deux c’est que Gertrude serait opérable. Mais nous avons convenu de ne lui parler de rien tant qu’il n’y aurait pas plus de certitude. Martins doit venir me renseigner après consultation. Que servirait d’éveiller en Gertrude un espoir qu’on risque de devoir éteindre aussitôt ? — Au surplus, n’est-elle pas heureuse ainsi ?...

10 Mai

A Pâques Jacques et Gertrude se sont revus, en ma présence — du moins Jacques a revu Gertrude et lui a parlé, mais rien que de choses insignifiantes. Il s’est montré moins ému que je n’aurais pu craindre, et je me persuade à nouveau que, vraiment ardent, son amour n’aurait pas été si facile à réduire, malgré que Gertrude lui ait déclaré, avant son départ l’an passé, que cet amour devait demeurer sans espoir. J’ai constaté qu’il vousoie Gertrude à présent, ce qui est certainement préférable ; je ne le lui avais pourtant pas demandé, de sorte que je suis