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LA SYMPHONIE PASTORALE 935

Que j'avais donc raison de craindre ! Qu'a-t-elle fait ? Qu'a-t-elle voulu faire ? Amélie et Sarah m'ont dit l'avoir accompagnée jusqu'à la porte de la Grange, o^ Mademoi- selle de la M. l'attendait... Elle a donc voulu ressortir... Que s'est-il passé ?

Je cherche à mettre un peu d'ordre dans mes pensées. Les récits qu'on me fait sont incompréhensibles, ou con- tradictoires. Tout se brouille en ma tête... Le jardinier de Mademoiselle delà M... vient de la ramener sans connais- sance à la Grange-, il dit l'avoir vue marcher le long de la rivière, puis franchir le pont du jardin, puis se pencher, puis disparaître ; mais n'ayant pas compris d'abord qu'elle tombait, il n'est pas accouru comme il aurait dû faire ; il l'a retrouvée près de la petite écluse, où le courant l'avait portée. Quand je l'ai revue un peu plus tard, elle n'avait pas repris connaissance ; ou du moins l'avait reperdue, car un instant elle était revenue à elle, grâce aux soins prodigués aussitôt. Martins qui. Dieu merci ! n'était pas encore reparti, s'exphque mal cette sorte de stupeur et d'indolence où la voici plongée ; en vain l'a-t-i^ interrogée ; on eût dit qu'elle n'entendait rien, ou qu'elle avait résolu de se taire. Sa respiration reste très oppressée et Martins craint une congestion pulmonaire ; il a posé des sinapismes et des ventouses et promis de revenir demain. L'erreur a été de la laisser trop longtemps dans ses vêtements trempés tandis qu'on s'occupait d'abord à la ranimer ; l'eau de la rivière est glacée. Mademoiselle de la M... qui seule a pu obtenir d'elle quelques mots, sou- tient qu'elle a voulu cueiUir des myosotis qui croissent en abondance de ce côté de la rivière, et que malhabile encore à mesurer les distances, ou prenant pour de la

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