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NOTES 971

parfaitement désintéressé que tous les grands capitaines des Bourses internationales, et aussi ruineux pour l'épargne privée ; La Lune, grosse dame légère, affairée, sentimentale ; l'aviateur, la tourneuse de munitions, tels qu'en eux-mêmes, déjà, la chromolithographie populaire les change, figures peintes en tons purs et en couleurs plates. L'affabulation suppose le rêve d'un prisonnier de guerre qui voit tout ce monde s'agiter autour de ses deux petits enfants, et finale- ment s'accorder à faire leur bonheur. — Nulle trace chez Claudel de ce souci du possible, du logique, qui stérilise depuis le moyen-âge le théâtre français. Shakespeare et Aristophane lui ont enseigné la vraie liberté. Le dialogue, comique ou amer, se déroule dans une atmosphère de songe, dans une transposition par endroits poignante d'êtres et d'actions réelles, dans ce monde des rêves, où l'inexistant se fait plus pressant que toute expérience. A cinquante ans, l'homme sain connaît la valeur du rire, et dans L'Ours et la Lune comme dans Protée, Claudel, qui n'a rien du monstre stérile nommé ironiste, rit comme un bien- heureux.

La guerre inspire à l'aviateur et à Rhodo d'autres paroles de souffrance ou d'enthousiasme. Faut-il regretter cette part faite aux événements contemporains et ces figures de cir- constance ? Je ne le pense pas. Claudel, dans sa sincérité unique, ne recherche pas plus l'actualité qu'il ne pourrait redouter d'être un jour inactuel. Il s'exprime dans le présent et place hors du temps ce qu'il saisit. Tout lecteur des Perses ne devient-il pas contemporain de Xerxès ?

La Messe là-bas s'ajoute dans l'œuvre de Claudel à la série des poèmes exclusivement religieux. Les diverses parties de l'office liturgique^ de l'Introït au Dernier Evangile, donnent leur titre aux treize poèmes dont se compose le recueil. — Méditations et prières. — Mais l' oraison chez Claudel

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